Après la FTC aux Etats-Unis, les autorités de la concurrence françaises et britanniques s’alarment de la concentration du marché de l’IA générative.
Le marché de l’IA générative et des grands modèles de langages est sous l’œil des régulateurs mondiaux. Et pour cause ! Il serait de 42 milliards d’euros en 2023 (le double par rapport à l’année 2022) et de 200 milliards d’euros à l’horizon 2030.
Après la FTC aux Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni enquêtent sur le libre jeu de la concurrence dans le secteur de l’IA Générative.
L’Autorité de la concurrence française s’est autosaisie pour avis début février 2024. Elle a lancé une consultation publique, achevée en mars (cf. communiqué de presse). Elle devrait rendre son avis dans les prochains mois
L’Autorité de la Concurrence et des Marchés (CMA) britannique, a quant à elle d’ores et déjà publié un rapport sur les modèles de fondation, le 18 septembre 2023 (cf. rapport initial), qu’elle vient de mettre à jour le 11 avril 2024 (cf. rapport V.2), mettant en lumière les risques pour une concurrence loyale, efficace et ouverte.
Les préoccupations sont globalement unanimes, et augmentent au fur et à mesure des développements du secteur.
Les autorités pointent du doigt la concentration du marché sur les GAFAM.
Les entreprises visées sont principalement Google, Apple, Microsoft, Meta, Amazon. Elles détiennent les clés du développement de modèles d’IA générative, les intrants essentiels au développement des modèles d’IA générative, et les marchés adjacents.
Les autorités relèvent que les GAFAM concentrent notamment :
- les infrastructures ;
L’IA générative implique des puissances de calcul colossales, impliquant le plus souvent, pour les nouveaux acteurs, de recourir à des fournisseurs de services cloud (marché très concentré), afin de bénéficier rapidement d’une architecture sans avoir à assumer des coûts d’investissements et de gestion importants.
- Les données, utilisées à des fins d’entrainements :
- Certains acteurs pourraient limiter l’accès à ces données à leurs concurrents, de s’en concentrer l’usage, ou d’imposer des accords d’exclusivité sur les acteurs émergeants ;
- Les talents, la main d’œuvre qualifiée étant attirée par des salaires élevés ;
- Les applications et plateformes nécessaires à une entrée sur le marché.
Ces entreprises ont donc la capacité technologique et économique de :
- Façonner ce nouveau marché dans leur intérêt en faussant le choix des clients, professionnels comme consommateurs,
- Protéger leur part de marché existant sur les marchés amonts et adjacents (tels que la fourniture des services cloud),
- Contrôler la chaine de valeur de l’IA générative, et d’étendre leur part de marché sur ce nouveau secteur (en restreignant la concurrence).
Tout cela pouvant évidemment nuire à la concurrence et aux consommateurs.
Raison pour laquelle l’Autorité de la concurrence et la CMA indiquent travailler de près sur les partenariats actuels et émergents, sur les prises de participation dans le secteur, et intensifieront leur contrôle des fusions. De telles opérations sont en effet susceptibles d’exacerber les parts de marché existantes dans le secteur de l’IA Générative.
Après avoir annoncé qu’elle étudierait le partenariat entre Microsoft et Open AI (créateur de ChatGPT), la CMA britannique a annoncé le 24 avril 2024 lancer un « appel à commentaires » concernant les partenariats entre Microsoft et Mistral AI, et entre Amazon et Anthropic, phase préalable à l’ouverture d’une enquête formelle.